lundi 25 octobre 2010

Solvey

Je l'ai rencontrée pour la première fois dans son salon de thé, à Berlin, et je me suis tout de suite sentie bien en sa compagnie. Elle était drôle, accueillante, vivante, généreuse...Son café représentait exactement ce que j'aimais : cosy, un mélange de british et de scandinave, avec cette ambiance chaleureuse que les allemandes savent si bien mettre en scène : une salle bien chauffée, des sièges confortables, de la musique de fond, des fleurs, des bougies allumées, l'odeur du gâteau qui sort du four, plein de revues de déco à disposition...
Mes plus beaux souvenirs sont ceux de la période avant Noêl, avec l'organisation de lectures, d'ateliers de fabrication de décorations de Noêl, l'arrivée de la cheminée, du sapin, des guirlandes...Toute cette féérie autour des fêtes de fin d'année que Solvey maitrisait à la perfection : le calendrier de l'avent, le vin chaud, les "Plätzchen", les chants de Noêl à longueur de journée, la décoration de la vitrine, la réalisation d'objets de déco d'un kitsch suprême.
Je me rappelle nos soirées passées autour d'une bouteille de vin, à coudre des bottines, des housses de coussins destinées à devenir des cadeaux, nos soirées à deviser sur notre café, nos vacances à venir..Toutes ces choses qui ne se sont pas concrétisées et sont devenues des regrets bien que je sache que les regrets ne servent à rien...
Je ne sais pour quelle raison ces souvenirs remontent aujourd'hui et me rendent mélancolique...Peut-être parce que cela va faire 2 ans jour pour jour que j'ai commencé à travailler avec elle...
Je sais maintenant que je n'aurais pas dû lui forcer la main puisqu'elle n'en avait pas vraiment envie; Solvey est une rebelle à l'organisation, aux principes de base de l'économie; Elle ne travaille que quand elle en a envie, elle ne compte pas, ne contrôle rien, fait confiance à tout le monde...Ce qui fait son charme a été sa perte. Je ne le savais pas, mais on ne peut pas changer un être aussi libre et entier en une personne raisonnable... A force de lui vouloir du bien, j'ai perdu une amie que je trouvais merveilleuse car pleine de vie, de fantaisie, d'entrain et d'imagination. A force de vouloir l'aider malgré elle, ses mauvais côtés sont devenus les seuls qu'elle était capable de manifester à mon égard...Et lorsque j'ai abandonné, il était trop tard pour sauver notre relation d'amitié.
J'ai mis du temps à le lui dire : je l'ai fait ce matin en lui envoyant un message pour lui dire combien je regrettais ce qui s'était passé entre nous.
Il m'aura fallu digérer mon retour à Paris pour réussir à assumer cet échec.

1 commentaire:

  1. C'est une différence de mentalité qu'on a Parisiens avec les Berlinois: nous sommes inconsciemment portés par la productivité, le but, l'aboutissement (c'est une question d'éducation scolaire je pense) alors qu'eux sont plus attentifs à leur bien-être présent et au chemin. C'est difficile de se mettre à leur rythme, mais on apprend aussi à profiter plus de la vie à leur côté je trouve.

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