vendredi 26 novembre 2010

"7ème ciel"

Comment reconnait-on un film allemand ?

A son sujet, au traitement du sujet, à la manière de filmer (plans fixes), au décor (sans intérêt)…

Hier soir, Arte passait « Septième ciel », l’histoire d’une femme d’une soixantaine d’années (Inge), qui tombe amoureuse d’un homme de 76 ans, alors qu’elle est mariée depuis 30 ans avec Werner.

Elle ne fait pas de compromis avec son histoire d’amour et l’annonce à son mari, va jusqu’à le quitter pour vivre sa passion…
Le mari ne supporte pas la situation et finit par se suicider, mort qu’elle apprend par un coup de téléphone de sa fille en pleine nuit, alors qu’elle dort chez son amant.

Cette manière de traiter le sujet de l’amour chez les vieux est plus intéressante à mon avis que la manière américaine ou française, car elle met des images auxquelles nous ne sommes pas habituées sur un sentiment. Ce film est impudique et ne soigne pas l’esthétique des corps. On voit ce couple de personnes agées faire l’amour tel qu’on nous montre d’habitude de jeunes couples. Le réalisateur filme ces corps  ridés, abimés, flasques, maladroits pour nous mettre face à la réalité : vieillir ne change rien, l'attirance sexuelle existe toujours.

Ce film nous démontre que l’amour des vieux est identique et a les mêmes enjeux que l’amour des jeunes. A tout âge, on peut vivre une passion amoureuse, avoir le plaisir de découvrir une personne inconnue. La passion amoureuse est plus forte qu’une relation de 30 ans qui se complaît dans sa routine.

L’attitude de Inge peut paraitre égoïste, d’autant plus que son mari se suicide…Mais l’amour lui insuffle une envie de vivre si puissante qu’elle ne veut pas faire de compromis et « sauver » sa vie d’avant. Devait-elle sacrifier cet élan pour la tranquillité de tous? Sa fille lui reproche d’avoir dit la vérité à son père au lieu de le préserver en vivant sa passion amoureuse discrètement. Mais Inge est trop entière et elle aurait l’impression de trahir son mari, et de se trahir elle-même surtout, en vivant son histoire en cachette.

C’est peut-être parce que Inge est une femme que sa décision m’a un peu choquée, non pas que je ne la comprenne pas, mais nous sommes habitués à ce que ce soient plutôt les hommes qui partent pour une autre et ne font pas cas de leur vie « d’avant ».

Inge le referait-elle sachant les conséquences de son acte ? Elle savait qu’elle allait faire souffrir son époux, elle ne se doutait pas qu’il était incapable de surmonter cette épreuve…Ou qu’il était encore tellement attachée à elle qu’il ne supporterait pas qu’elle tombe amoureuse d’un autre…

En filmant crûment les relations sexuelles des personnes âgées, Andreas Dresen banalise la vieillesse et nous aide un peu à la dédramatiser...je trouve.

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