mardi 24 mai 2011

La solitude des nombres premiers

Je viens de dévorer le bouquin de Paolo Giordano.
Ce roman m'a tenu aux tripes par sa noirceur et son obsession à ne pas vouloir aller au "happy end".

Les deux héros, Mattia et Alice sont définitivement seuls et n'arrivent pas à se sortir de cette solitude qui leur fait mal et les rassure en même temps.
L'auteur décrit cette incapacité à vivre normalement en réponse à l'incapacité des parents, père et mère, à écouter, à voir, à répondre à la souffrance de leur enfant.

Il est vrai qu'il est difficile de se mettre à la place de son enfant : d'un côté on ne veut pas qu'il souffre mais on ne souhaite pas non plus en faire un enfant gâté n'ayant aucun effort à faire pour obtenir ce qu'il veut. On souhaite lui inculquer le goût de l'effort, tout en lui évitant la souffrance de la déception; on souhaite lui faire faire ce qu'on aurait aimé faire, on souhaite qu'il réussisse. Mais, inconsciemment ou pas, il est notre faire-valoir; nous aimons être fiers de lui, tout en  lui disant qu'on l'aime tel qu'il est, on exige beaucoup de lui, tout en souhaitant le préserver.

On veut tout et son contraire : un enfant sûr de lui mais obéissant, un enfant précoce mais joueur, un enfant câlin mais autonome...

On se pose sans doute beaucoup plus de questions sur l'éducation de nos enfants que ne le faisaient nos parents; On ne souhaite pas être permissif comme les soixante huitard, mais pas autoritaire non plus comme la génération précédente.

On s'efforce tant que mal de les épanouir sans les stimuler, de les encourager sans leur mettre de pression, de les instruire sans les gaver, de les rendre polis sans les terroriser etc etc

La nature est bien faite cependant: en tant que parent on a le temps d'apprendre à aimer assez nos enfants pour les accepter tels qu'ils seront et leur offrir le plus d'amour, d'attention possible pour qu'ils parviennent à devenir des adultes heureux et épanouis.

Le tout est de réussir à percevoir au bon moment qu'il faut parfois savoir les écouter et comprendre leur douleur même s'ils ne savent pas l'exprimer par des mots.

Pourquoi le père d'Alice tenait-il tant à ce que sa fille aille skier dans le froid et le brouillard, alors que manifestement ces leçons de ski étaient une souffrance et une torture pour elle?

Pourquoi la mère de Mattia n'a t elle pas compris que son enfant n'en pouvait plus de ne pas exister autrement qu'avec sa jumelle handicapée?

Les parents oublient-ils si vite leurs terreurs d'enfants?

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